Injection totale, partielle ou nulle : comprendre les règles de réinjection sur le réseau
Particuliers, collectivités et entreprises cherchent aujourd’hui à réduire leur facture, à sécuriser leur approvisionnement ou à valoriser des surfaces jusqu’ici inutilisées. Dans ce contexte, une question revient très souvent : comment fonctionne la réinjection d’électricité sur le réseau et quel cadre réglementaire encadre cette pratique ?
L’injection, qu’elle soit totale, partielle ou nulle, répond à des règles imposées par le gestionnaire de réseau. Chaque méthode présente des avantages, des impacts économiques spécifiques et des obligations administratives qu’il est important de connaître avant de lancer un projet photovoltaïque. On vous en dit plus !
L’injection totale : produire pour vendre, sans autoconsommer
L’injection totale consiste à envoyer l’intégralité de l’électricité produite sur le réseau public. Le bâtiment équipé de panneaux photovoltaïques continue donc à acheter son électricité à son fournisseur classique, tandis que la production est vendue à un acheteur comme EDF OA.
Ce modèle est particulièrement utilisé sur les grandes toitures agricoles, les hangars industriels ou les bâtiments communaux, car il permet de valoriser de larges surfaces disponibles sans avoir à modifier ses usages. La vente est encadrée par un contrat d’achat, ce qui garantit une visibilité financière appréciable.
Sur le plan technique, la configuration est relativement simple. Un compteur mesure uniquement la production injectée et Enedis assure la validation du raccordement. La signature d’un CRAE (Contrat de Raccordement d’Accès et d’Exploitation) est obligatoire. En revanche, ce modèle n’offre aucune réduction de la facture d’électricité puisque l’ensemble de la production est revendu.
L’injection partielle : l’équilibre entre autoconsommation et valorisation du surplus
L’injection partielle, aussi appelée autoconsommation avec vente du surplus, est aujourd’hui le modèle le plus répandu en France. Il repose sur un principe simple : l’énergie produite est utilisée en priorité par le bâtiment et seule la portion non consommée immédiatement est réinjectée sur le réseau.
Ce fonctionnement permet d’atteindre deux objectifs simultanément : réduire la facture d’électricité et générer un revenu complémentaire grâce à la vente du surplus. C’est un schéma particulièrement intéressant pour les particuliers et les entreprises dont l’activité génère une consommation régulière en journée.
Sur le plan économique, ce modèle est doublement avantageux. Il bénéficie d’une prime à l’autoconsommation et d’un tarif d’achat garanti pour le surplus injecté en fonction de la puissance de l’installation (mise à jour tous les trimestres). Cela en fait un modèle hybride à fort potentiel, notamment lorsqu’il est associé à des solutions de pilotage ou à une batterie permettant d’augmenter le taux d’autoconsommation.
Lorsque vous souhaitez vendre le surplus injecté, plusieurs formules sont possibles, chacune avec des implications différentes. Voici les principaux cas :
| Type de contrat / convention | Description & cas d’usage |
|---|---|
| Contrat d’Obligation d’Achat (OA) | C’est le dispositif “classique” : l’acheteur désigné est EDF OA (ou parfois un autre acheteur obligé). Vous signez un contrat pour que votre surplus soit racheté à un tarif fixé par l’État, le surplus injecté est acheté pendant la durée du contrat. |
| Contrat Unique en Injection (CU-I) | Ce contrat réunit à la fois le droit d’accès au réseau (pour l’injection) et l’achat de l’électricité. Ce type de contrat est signé avec un acheteur référencé, directement, sans passer nécessairement par OA. |
| Contrat d’Accès et d’Exploitation (CAE) – “hors OA” | Si vous choisissez un acheteur hors régime d’obligation d’achat (marché libre), vous passez via un CAE. Cela implique de désigner un “responsable d’équilibre” (soit l’acheteur, soit un tiers) : il doit gérer l’équilibre production/consommation sur le réseau. |
| Cession gratuite du surplus (via CAE, pour petites puissances) | Si votre installation est petite (puissance de raccordement en injection ≤ 3 kVA) vous pouvez céder gratuitement le surplus à Enedis via un CAE, sans revente rémunérée. |
Un compteur joue un rôle central : il mesure distinctement l’énergie prélevée sur le réseau et celle injectée, condition indispensable pour valoriser le surplus. Les règles techniques, notamment les dispositifs de protection anti-îlotage, doivent par ailleurs être respectées afin de garantir la sécurité et la stabilité du réseau public.
L’autoconsommation sans injection : produire pour soi, sans renvoyer au réseau
L’autoconsommation sans injection, aussi appelée « zéro injection », repose sur un principe simple : l’installation photovoltaïque doit fonctionner exclusivement pour les besoins du bâtiment, sans jamais envoyer la moindre quantité d’électricité vers le réseau public. Ce fonctionnement séduit particulièrement les entreprises ou sites dont l’utilisation d’énergie est stable et élevée, mais aussi les bâtiments situés dans des zones où le réseau local ne peut pas accueillir de nouveaux apports d’électricité.
Pour garantir l’absence totale d’exportation, l’installation doit intégrer un dispositif certifié de non-injection, qu’il s’agisse d’une fonction intégrée à l’onduleur ou d’un relais anti-injection dédié. Ce système ajuste en temps réel la production solaire afin qu’elle ne dépasse jamais les besoins instantanés du bâtiment. L’énergie excédentaire peut être orientée vers un usage interne ou stockée dans une batterie, mais elle ne doit en aucun cas franchir le point de livraison.
Sur le plan réglementaire, toute installation photovoltaïque ≤ 36 kVA fonctionnant sans exportation doit être encadrée par une CACSI (Convention d’Autoconsommation Sans Injection) signée avec le gestionnaire du réseau. Cette convention formalise l’engagement du producteur à ne jamais injecter d’électricité et permet au gestionnaire de vérifier la conformité des équipements, notamment les systèmes anti-îlotage et les dispositifs de limitation.
Ce modèle apporte une réduction immédiate des dépenses d’électricité, sans dépendre d’un tarif d’achat ou d’un contrat OA. En revanche, il ne génère aucun revenu et impose un dimensionnement précis, car la production peut être bridée lorsque la demande interne diminue.
Tableau comparatif des trois modes
| Mode | Principe | Avantages | Limites | Public concerné |
| Injection totale | Toute l’électricité produite est envoyée vers le réseau. Le bâtiment continue à acheter son énergie auprès d’un fournisseur classique. | Revenus garantis, valorisation optimale des grandes toitures, fonctionnement simple, sans gestion de consommation interne. | Aucune baisse de facture, dépendance au tarif d’achat, nécessite un réseau local capable d’absorber la production. | Agriculteurs, industriels, collectivités, propriétaires de grandes surfaces. |
| Autoconsommation avec injection du surplus | L’énergie produite est utilisée en priorité par le bâtiment ou l’habitation. Le surplus non consommé est automatiquement exporté puis vendu au réseau. | Économies + revenus, prime à l’autoconsommation, excellent équilibre entre autonomie et valorisation du surplus, compatible avec stockage et pilotage énergétique. | Dépend du profil d’usage, surplus variable selon les consommations. Nécessite un réseau local capable d’absorber la production. | Particuliers, PME, artisans, collectivités, industriels. |
| Autoconsommation sans injection (zéro injection) | Toute la production est consommée ou stockée sur place. Aucune électricité n’est envoyée vers le réseau public. | Démarches simplifiées, réduction immédiate de la facture, idéale en zone où le réseau est saturé ou limité. | Aucun revenu généré, production parfois bridée, nécessite un dispositif anti-injection certifié. | Industries, sites logistiques, exploitations agricoles, particuliers, zones à réseau limité. |
Contraintes réseau : pourquoi Enedis limite-t-il parfois l’injection ?
Même si le photovoltaïque progresse rapidement, le réseau public de distribution n’est pas en capacité d’accueillir partout la même quantité d’énergie produite localement. Sur certaines lignes, notamment lorsqu’elles alimentent plusieurs installations solaires déjà raccordées, l’ajout d’une nouvelle production peut provoquer des phénomènes de surtension ou des variations de tension incompatibles avec une alimentation électrique de qualité. Le gestionnaire du réseau doit garantir la sécurité et la stabilité de la distribution, et peut donc limiter, encadrer ou refuser l’injection lorsqu’une portion du réseau ne peut pas absorber de nouveaux apports d’électricité.
Ces situations apparaissent plus fréquemment dans les secteurs ruraux, où les lignes basse ou moyenne tension sont parfois anciennes ou distantes des postes sources. Lorsque la capacité locale est insuffisante, l’installation ne peut pas injecter tant que des travaux de renforcement ne sont pas réalisés. Dans l’intervalle, l’autoconsommation sans injection s’impose souvent comme la seule solution pour exploiter une installation photovoltaïque.
Quel modèle choisir selon son projet photovoltaïque ?
Le choix du mode d’injection dépend de plusieurs facteurs : la surface disponible, la puissance souhaitée, la structure de consommation, le profil économique recherché et la capacité du réseau local à accepter l’injection. Par exemple, pour un particulier cherchant à réduire sa facture, l’injection partielle reste la solution la plus rentable et la plus stable. Pour un agriculteur disposant d’un grand hangar, l’injection totale offre un revenu très intéressant.
Le rôle de l’installateur est déterminant : il doit analyser votre profil, dimensionner précisément l’installation et sécuriser les démarches de raccordement auprès d’Enedis. Chez Groupe Roy Énergie, nous accompagnons les projets de A à Z pour garantir une installation performante, conforme et optimisée. N’hésitez pas à nous contacter !
Questions fréquentes sur l’injection
Peut-on injecter de l’électricité sur le réseau sans autorisation ?
Non. Toute réinjection, même minime, doit être déclarée à Enedis et validée via un CRAE. Injecter sans autorisation expose à des sanctions et à des risques techniques.
Quelle est la différence entre injection totale et partielle ?
L’injection totale renvoie 100 % de la production sur le réseau, tandis que l’injection partielle utilise d’abord l’énergie pour autoconsommer, puis envoie uniquement le surplus.
Enedis peut-il refuser la réinjection ?
Enedis ne refuse pas l’injection en tant que telle. Lorsque le réseau local est saturé ou ne permet pas de garantir la stabilité de la tension, Enedis indique que le poste est saturé et que l’injection de la production ne peut pas être acceptée dans l’état actuel du réseau. En l’absence, le plus souvent, de délai connu pour un éventuel renforcement permettant d’accueillir cette production, l’installation est alors orientée vers une configuration sans injection.
Le zéro injection est-il rentable ?
Oui, pour les bâtiments à forte usage électrique en journée. Il réduit fortement la facture, même sans générer de revenus complémentaires. Il donne une parfaite visibilité sur la gestion des factures d’énergie pour toute la durée de sa centrale, c’est-à-dire, environ 50 ans.
Puis-je combiner une batterie avec de l’injection partielle ?
Oui. La batterie permet d’augmenter l’autoconsommation et de réduire la quantité de surplus injectée, sans empêcher la vente du reste.
N’hésitez pas à vous rapprocher de nos conseillers pour votre installation photovoltaïque !





